"Les méandres et les ramifications permettent à la rivière de se connaître, d'explorer ses limites. Dans une sorte d'expiration ultime, de dilatation, elle se disperse jusqu'à perdre son identité en débordements épars. Elle renonce à sa profondeur, gaspille ses forces dans une rage dévastatrice qui déferle au-delà des berges, et ravage les champs cultivés.
Il semble que la puissance anarchique qui l'habite ne supporte pas la sagesse disciplinée des pousses printanières sagement alignées. Elle détruit tout sur son passage puis, vidée de ses forces, se rétracte. Une contraction extrême la réduit à l'abdication. Coupée de ses voies naturelles par de vastes barrages, elle se laisse emprisonner.
Stockée au fond de lacs dociles et profonds, son énergie détournée est utilisée pour alimenter des circuits qui la chosifient. Son cours s'enfonce dans des tunnels obscurs. Elle doit avancer à tâtons au coeur de la nuit. Elle va jusqu'au bout de l'absurde pour comprendre ce qu'elle n'est pas. Elle se heurte au butoir de son incohérence. Dans ce choc, elle puise des forces pour se ramasser et renaître.
La nécessité intérieure qui veillait au coeur de sa conscience endormie peut maintenant se manifester. Devant l'urgence de trouver la direction juste, elle s'impose, prend les commandes, tient fermement le gouvernail de l'embarcation.
La nécessité intérieure décide de l'itinéraire à suivre. Soulagée de s'en remettre à cette force bienveillante et ferme, l'eau s'aère, devient pétillante, légère, dynamique.
Ainsi la compréhension de ce que je ne suis pas amorce la quête de ce que je suis. La certitude d'en avoir fini avec l'errance aveugle rend cette quête joyeuse.
Le moindre obstacle s'avère être un révélateur de la force qui m'habite. Les pierres qui se dressent au beau milieu du lit de la rivière lui permettent d'expérimenter la fluidité de ses eaux. Certaines roches rugueuses et anguleuses heurtent l'onde qui les baigne. Elles doivent être polies, aplanies. La caresse des flots finit par communiquer à leur surface rocailleuse un chaud velouté. Patience et persévérance les transforment en tendres complices...
L'harmonie n'est jamais acquise, elle est sans cesse à recréer. Les courants contraires réveillent des compétences endormies. Chaque difficulté du chemin participe au processus d'individualisation."
Extrait du livre de Martine GARCIN-FRADET "Les Voix de la main"
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Je dédie cet extrait à ceux qui auraient tendance, pour l'instant, à perdre courage. Ou à se laisser envahir par l'amertume, les regrets... Votre vie est précieuse, unique. Prenez-en soin !
Christelle Gérardy
Praticienne en Hypnose humaniste et life coach chez Pâte à Ciel
